A l’automne 2017, Radio France organisait sa 3e édition du concours de la micro-nouvelle. Les règles étaient les suivantes : 1000 signes, un récit narratif et imaginaire. Le thème était « Ensemble ». Plus le récit est court, plus il est complexe à construire. Surtout quand il doit aussi comporter une chute. Mais les consignes sont aussi là pour nous rendre créatif et j’ai finalement tenté l’aventure. Le récit original était beaucoup, beaucoup plus long. Je l’ai donc retravaillé jusqu’à l’os. Comme à l’école où je ne lisais pas correctement les énoncés des exercices de math, je n’ai pas respecté une des règles. Néanmoins, ce n’est pas la raison qui nous pousse à écrire. Je vous propose ce texte ici et je vous laisse découvrir ce que j’ai pu transgresser :
Cette rue de Milan me semble grise, passante. Nous sommes emballés dans des k-way multicolores ou armés de parapluie, bien à l’abri derrière nos appareils photos. Au point de ne pas faire attention à eux. Ils sont deux, à contre-courant de la foule. Celui de droite m’interpelle à voix basse. Je comprends qu’il veut de l’argent. J’affiche un sourire désolé. J’échafaude une hypothèse rapide : noir, migrant, a dû fuir par bateau la guerre, la famine, la misère. Moi, j’ai un billet retour, un chez-moi. Deux réalités dans le même monde. Il m’interpelle à nouveau. Il me parle en italien. Je passe à sa hauteur. Je me tourne pour le regarder. Depuis combien de temps est-il debout avec sa pancarte ? Je baragouine un« Mi scusi ». Il insiste clairement : “Sa-lu-te”. Il tend sa main vers moi. Je la saisis. « Salute ». C’est, ici, déjà une victoire d’exister ensemble en tant qu’être humain, autant que de recevoir une pièce.
Le prix grand public de la micronouvelle 2017 a été attribué par le jury à Noémie Pereira, et le prix des collaborateurs de Radio France décerné à Pia Clemens. Vous pouvez retrouver leurs textes sur le site de Radio France en suivant le lien par ici.